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Damien Martin Novembre 2014

actu1113.
  • Interview
30/11/2014
Damien Martin 2014
Le hasard fait parfois bien les choses : lors du Grand Prix de la Roche Aux Fées 2008, j’avais été invité par l’organisateur à prendre des photos de la course. Une voiture était à ma disposition et un tout jeune homme, passionné de vélo comme moi, y avait aussi pris place. Au fil de la discussion, il me dit qu’il est speaker et intérieurement, je me dis : « un jeune animateur sur les courses de vélo, c’est génial! ». Intuitivement et peut-être aussi parce que j’aurai moi-même aimé exercer cet art, j’ai suivi Damien du coin de l’œil depuis ce jour-là, assistant à sa progression, sa voix devenant plus assurée au fil des années et ses connaissances en la matière toujours plus enrichies. C’est avec beaucoup de bonheur que j’ai appris qu’il était retenu pour animer des étapes du Tour De France aux côtés de Daniel Mangeas, suite logique et méritée de ses expériences acquises sur les courses de tout niveau. Loin de se croire arrivé, Damien garde les pieds sur terre et continue de distiller sa passion au travers de ses commentaires sur les courses en Bretagne.

D’où vient ta passion pour le vélo?
Ma passion pour le cyclisme remonte à mon enfance. Mon père et mon oncle étant coureurs, je me suis imprégné tout petit de la Petite Reine. C'est donc, plus qu'une passion, une véritable culture du cyclisme que j'ai entretenu depuis ma jeunesse. Difficile de vivre sans aujourd'hui ! De fait, j'ai appris à connaître les rouages de ce sport en long et en large, ses composantes physiques, techniques et tactiques. Ses valeurs, comme le dépassement de soi et le sens du collectif. Le cyclisme n’a d’individuel que sa définition. Très vite, je me suis intéressé aux acteurs de ce sport, à identifier les coureurs en forme, leurs qualités et faiblesses : j'étais en quelque sorte le directeur sportif de mon père! Tout juste adolescents, avec mon cousin, nous connaissions déjà la plupart des circuits d'Ille-et-Vilaine que nous fréquentions en spectateurs avisés, avec bidons et chronomètres pour mesurer les écarts afin d'en informer "nos" coureurs! Nous avions généralement un repère stratégique qui nous permettait d'assister aux principaux faits de course. Nous étions très investis et c'est sans doute durant ces jeunes années que s'est construite ma passion. De plus, j'aime la dimension de liberté liée au cyclisme, un sport de plein air et d'apaisement, aux paysages et profils variés. On doit sans cesse s'adapter aux caractéristiques géographiques et naturelles, ainsi qu’aux conditions météo. Par tous les temps, le vélo est en représentation. Ce sport impose ainsi l'humilité. Il faut dire aussi qu'on s'ennuie rarement en matière de cyclisme, un pur sport-spectacle. Il s'y passe toujours quelque chose, que ce soit en raison des facteurs extérieurs ou grâce son essence même : le duel, la course. L'une des limites identifiables actuellement serait de se diriger, en tenant compte de la modernisation des pratiques, vers une "robotisation" des acteurs de la Petite Reine. Laissons le pouvoir à la course !

Quels sont tes héros dans le vélo ?
Comme tout gamin passionné, j'ai eu quelques références durant ma jeunesse. Sans que je puisse l'expliquer vraiment d'ailleurs. Le premier coureur auquel je me suis attaché est Jean-Cyril Robin, grimpeur besogneux à l'époque Française des Jeux et Bonjour fin des années 90. Le premier à m'avoir fait vibrer sur la scène internationale fut le sprinteur Estonien Jaan Kirsipuu, lorsqu'il évoluait chez AG2R. En réalité, il était plus qu’un simple sprinteur. Son aura et son panache m’ont conquis. Il y a aussi Jean-Patrick Nazon puis Valverde à ses débuts, qui incarnait l’insouciance et la grinta espagnole. Quel talent lorsqu’il a débarqué dans les pelotons pros! J'ai commencé à suivre sérieusement le cyclisme à 9 ans, lors de la saison 2000. J'ai forcément été marqué par les épopées de François Simon et Thomas Voeckler chez Bonjour au début de la dernière décennie, puis celle de Cyril Dessel un peu plus tard. Toutes ont un point commun à l'époque, à savoir la plus grande course au monde : le Tour De France. Ses mythiques traversées des massifs alpestres et pyrénéens, les virées en Bretagne... Les profils proposés sont si variés, ce n'est pas pour rien si le Tour est la plus prestigieuse course qui soit. Les duels en montagne m’ont transporté : j’avais un faible pour Escartin au début. Moins original, j’ai rêvé devant les chevauchées de Richard Virenque, mais aussi et surtout de son exploit incommensurable sur Paris-Tours. Puis la couverture télévisuelle m'a permis de découvrir - et forcément d'adorer - les légendaires classiques telles que l'Enfer du Nord, le Tour des Flandres, la Flèche Wallonne, Liège ou encore la Primavera. Toutes ont quelque chose d’unique et exceptionnel. Ces classiques ont grandement contribué à rendre le cyclisme aussi populaire et magique. A côté des héros, elles ont fait la légende! Comme beaucoup, j'aurais aimé devenir moi-même un héros cycliste. J'ai tenté ma chance : mes capacités physiques en ont décidé autrement. Ma motivation à l'effort aussi, je dois bien l'admettre !

quels sont tes souvenirs marquants et tes belles rencontres ?
Des souvenirs marquants, il y en a beaucoup à vrai dire. Je mettrais en avant les premières rencontres avec les professionnels devant les hôtels, la chasse aux photos sur le Grand Prix de Plouay, les étapes du Tour en Bretagne, celles aux Pyrénées... J’ai gardé un grand souvenir de Hautacam en 1996. Luc Leblanc m’avait fait « coucou » après une arrivée au sommet remportée par Bjarne Riis. On avait l'habitude de dresser un vrai plan de bataille et généralement, on ne se ratait pas avec la famille! Un jour, après une folle course contre la montre pour rejoindre l’arrivée après avoir assisté au départ de l’étape, nous sommes parvenus sans comprendre comment à rejoindre la ligne d'arrivée deux minutes avant les coureurs à St-Brieuc et nous nous sommes retrouvés sur la route 30 mètres après la ligne d'arrivée, au milieu des photographes et assistants d’équipes: visiblement, l'arrivée de l'étape était tellement imminente que nous avions échappé à tout contrôle! Plus tard, mon rôle de speaker m'a permis et me permet toujours de côtoyer cette fois l'envers du décor et d'assouvir ma passion. J'ai fait mes débuts en compagnie de quelques champions d'aujourd'hui: Romain Bardet, en stage de préparation en Bretagne avec sa sélection junior d'Auvergne, gagnait l'une des premières courses que j'ai eu la chance de commenter, c'était à St-Etienne-en-Coglès en 2008. J'ai aussi grandi en accompagnant la progression des Fonseca, Barguil et autres Coquard. Plusieurs expériences m'ont évidemment marqué, comme ma première chez les pros sur la Flèche d'Emeraude aux côtés de la Voix du Tour, la découverte plus profonde de la culture du vélo en Bretagne avec les grandes classiques et courses par étapes comme la Melrandaise, la Route Bretonne, Le Bobet, le Circuit du Mené, Redon-Redon, Le Pertre, Fougères, la Mi-Aout et le Kreizh Breizh Elites, sans oublier ma participation à 4 championnats de France, dont Quelneuc en matière de cyclo-cross et de multiples championnats de Bretagne. La saison passée, je dois avouer que ma plus belle émotion cycliste se déroulait sur le Circuit du Mené, avec la victoire d'un ami de longue date qui réalisait le plus bel exploit de sa jeune carrière, et ce sur une course de prestige devant les caméras de l'Equipe 21, venue tourner un reportage sur l'épreuve. Séquence qui constituera sans doute un très bon souvenir commun dans quelques années. Enfin, ma première rencontre avec Daniel Mangeas me restera gravée. C’était un midi lors du cyclo-cross de Quelneuc, où j’accompagnais mon formateur, le speaker adjoint de l’épreuve Roger Morazin. Daniel m’avait demandé mon nom et la première chose qu’il m’avait dite avec son légendaire ton décalé, c’était : «Nous avons les mêmes initiales (DM), déjà un bon point pour toi ! »
Comme je le disais précédemment, le vélo force le respect et impose l'humilité. C'est une discipline tellement exigeante qui ne permet pas d'écart de conduite sous peine de retomber lourdement sur terre. À double tranchant! Le cyclisme a donc façonné beaucoup de champions au caractère bien trempé mais aussi aux valeurs honorables. Par conséquent, les belles rencontres en cyclisme ne se font pas rares. Il m'est difficile d'en ressortir une en particulier. Le monde du vélo est une grande famille. Humainement, le cyclisme a pris une place très importante dans ma vie. Que ce soit parmi les coureurs, les organisateurs, les suiveurs, je compte beaucoup de visages familiers dans mon entourage cycliste et suis très fier d'en faire partie. Et puis comme dirait l'autre : on ne porte pas le même maillot, mais on a la même passion !
En 2014, j’ai eu l’honneur d’être testé par Amaury Sport Organisations (ASO) sur quelques-unes de leurs épreuves. Aux côtés de Daniel Mangeas et d’Antoine Poncet, j’ai pris un énorme plaisir sur le Tour de Picardie en mai. Ce n’était pas prévu mais j’ai finalement participé ensuite à quelques arrivées du Tour De France : Hautacam avec la démonstration de Nibali, Périgueux et le numéro de Navardauskas sous l’orage et l’arrivée du contre la montre à Bergerac qui a sacré les Français Péraud et Pinot sur le podium du Tour. Ma première apparition sur le Tour restera donc à Hautacam et cela représente quelque chose de fort pour moi puisque c’est dans ce col que j’ai enregistré mon premier souvenir de la Grande Boucle, en 1996 comme évoqué précédemment. Hautacam a donc toujours eu une résonnance particulière dans ma tête. C’était une découverte pour moi sur le troisième plus grand évènement sportif planétaire. Même si ce fut rapide, j’ai essayé de m’imprégner au maximum de tout cet environnement. Le Tour n’est pas une course comme les autres. Tout y est décuplé : la foule, les médias, les attentes, les déplacements. Cela en fait un évènement extraordinaire en soi. Jusqu’à Paris-Tours, troisième course ASO découverte début octobre, j’ai beaucoup appris en compagnie de Daniel, et pas seulement d’un point de vue technique sur le commentaire à proprement parler. Ce monde professionnel me plait beaucoup, le rythme de vie est particulier mais quand on travaille sur ce type d’évènement, on entre dans une grosse bulle. C’est une grande famille. Quand on en sort, c’est généralement difficile durant quelques jours. Les journées sont tellement riches pendant ces évènements ! La proximité avec les coureurs est aussi plus réelle que l’on ne peut penser. Bien qu’en officiant sur les arrivées, on croise finalement très peu le peloton. Je suis aussi satisfait d’avoir pu faire de belles rencontres, notamment avec mes confrères speakers qu’ils soient réguliers ou testés chez ASO, même si j’en connaissais déjà plusieurs dont les frères Mangeas.
À propos du Tour 2015 Il y a quelques jours, j’ai eu la chance de pouvoir assister à la présentation du Tour 2015 au Palais des Congrès. Je suis totalement conquis par le parcours ! A titre personnel, les 3 jours en Bretagne et plus particulièrement l’arrivée à Fougères suivie du départ de Rennes, chez moi… Puis à la sortie des Pyrénées, un départ de Muret (31) où une partie de ma famille proche vit aussi depuis plusieurs années ! Ce parcours est superbement dessiné car il emprunte plusieurs profils mythiques. La première semaine sera loin d’être ennuyeuse avec un chrono court, des arrivées en bord de mer très venteuses (Le Havre et la 2e étape aux Pays-Bas), un final mythique dans le Mur de Huy, le retour en France via les pavés de Paris-Roubaix (rappelez-vous l’incroyable étape des pavés l’an passé !), les arrivées au sommet de Mûr de Bretagne et Cadoudal au terme d’un chrono par équipes. La première semaine sera certes sans massif montagneux mais que de spectacle et aucun répit! Le Tour devra aussi se gagner dans la traversée Nord de la France. Puis viendront directement après les Pyrénées, un massif que j’apprécie particulièrement et que j’ai souvent visité, avec un enchaînement Aspin-Tourmalet-Cauterets, la veille d’une traversée usante de l’Ariège (via le Portet d’Aspet pour marquer les 20 ans de la disparition de Fabio Casartelli) conclue par un final explosif dans le Plateau de Beille, le col préféré de Thomas Voeckler. La transition Pyrénées-Alpes, via des étapes pour puncheurs à Gap ou à Mende et sa montée Jalabert. Le bouquet final est terriblement dur. Les Alpes débuteront par l’ascension de Pra Loup, l’arrivée de St-Jean-de-Maurienne précédée de quelques kilomètres par des lacets extrêmement pentus, l’une des stars du prochain Tour selon les dires du directeur du Tour, la redoutable étape de La Toussuire via la Croix de Fer et le terrible enchainement sur seulement 110 kms Télégraphe – Galibier – Alpe d’huez la veille de l’arrivée à Paris! Des étapes alpestres courtes, nerveuses et donc passionnantes. Pour fêter les 40 ans du Tour sur les Champs Elysées, les coureurs passeront devant la Tour Eiffel et bien d’autres monuments parisiens pour fermer ce Tour de France 2015. Au vu du parcours, on peut facilement imaginer que le spectacle sera grandiose ! Vivement la saison prochaine et vive le vélo. »

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